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La forme du Grand Tombeau des Beaux-Arts varie selon l'endroit où on l'installera : couloirs de théâtre, galerie de peinture, école, arrière-boutique où l'on discerne, dans les chasses serties, le riche corps des artistes défunts.
Il suffit de peu de place (moitié de quelque chose, bout de quoi ?) pour, sur du taffetas noir, disposer les poupées souvenirs, Mickey Mouse, Giselle, la comtesse de Ségur, Verdi, Sarah Bernhardt, Kafka.
Les corps des marionnettes mondiales du rêve ne sont pas ensevelis. On les voit dans leurs tombeaux transparents, recouverts de diamants, empanachés par des embaumeurs habiles, sur leurs couches capitonnées.
Dans le cimetière tous les Arts sont là, écrivains, peintres, cinéastes, tous les personnages. Chacune des poupées a un nom, son histoire.
On appuie sur un petit bouton et des comédiens prestigieux, pourquoi pas, murmurent les trépas en guirlande, les beaux discours testamentaires. Les dernières paroles des stars peuvent être aussi enroulées entre leurs doigts de plastique rose, écrites sur leur front ou projetées sur le satin de la chambre mortuaire.
Les textes qui suivent sont donnés à titre d'exemple : il faudrait une centaine de sarcophages pour que le cimetière soit vraiment habité. Mais il me semble qu'après avoir entendu quelques récits, le spectateur voudra se reposer. Il devra donc choisir un itinéraire dans la nécropole des momies jouets.
Si on en a les moyens, on peut remplacer les voix par des comédiennes et des comédiens qui interpréteraient chacun un ou plusieurs personnages.
Quant au lecteur qu'il choisisse parmi les textes que je propose, deux ou trois, afin de sentir l'esprit de la promenade théâtrale puis qu'il saute au dernier tombeau, celui d'Agatha Christie et de l'inspiration sans fin.